Le Caire, la Qasaba

La nouvelle ville que les Fatimides firent construire était traversée par une avenue appelée la Qasaba, de la porte nord (Bab el Foutouh) à la porte sud (Bab Zoueila), voire jusqu'à Ibn Touloun (cela dépend des sources).

Aujourd'hui, la rue Mouizz li-Din Allah (du nom du calife ayant fait construire Le Caire) en reprend le tracé.
La Qasaba était aussi appelée "rue des deux palais", palais construits face à face par des califes fatimides, au nord d'Al Azhar.

Cette page présente la partie Nord de la Qasaba, du Khan el Khalili jusqu'à Bab el Foutouh.

C'est la ballade décrite dans les guides touristiques (voir références sur ma page sur Le Caire), une succession presque ininterrompue de monuments islamiques, au beau milieu de l'activité du souk.

Le premier monument visité est le complexe El-Achraf Barsbay, qui a droit à sa page personnelle.

 

Peut-être la Wakala el Dahabi (17ème siècle) ?

 

Nous sommes tombés en pleine période électorale, d'où les banderoles.
 
D'après les guides, le coin des bijoutiers.
En fait, plutôt des vendeurs... de coffres-forts.

Quelques pans de murs de la madrassa de Baybars, "Madraset AL Zaher Bebers AL Bandakdary" (1362-1363), avec son sigle...

 

...des panthères affrontées.
Il y a plusieurs Baybars et j'avoue avoir du mal à m'y retrouver...
Quelques vues prises en cherchant l'entrée de la madrassa El-Salih El-Din Ayyoub, dernier descendant de Saladin.

Cette madrassa serait la première à avoir pratiqué l'enseignement des 4 "rites" (en fait 4 écoles juridiques) sunnites :
- chaféite,
- malékite,
- hanéfite,
- hambalite.

Ce serait aussi la première à avoir incorporé un tombeau dans la madrassa.

Nous n'avons pas trouvé l'entrée, le monument est totalement englobé dans le souk.

A défaut, voici toujours le minaret, avec son sommet en brule-parfums.

 

 

Le monument de Qalaoun, en restauration.

Qalaoun ("le canard") est un des rares à avoir fondé une dynastie : plusieurs de ses fils lui ont succédé, ce qui était contraire aux usages des mamelouks.

 

Merlons.
 

 

 

Joli bandeau calligraphié en écriture thoulouth.

 

Le monument du fils Qalaoun est fermé lui-aussi.

Voici tout de même le portail gothique de l'église Saint-Jean d'Acre, réutilisé comme portail d'entrée du bâtiment...

 

 

Le minaret carré est d'inspiration hispano-mauresque.

Sabil-kouttab d'Ismaïl Pacha, 19ème siècle.

 

Ensuite se trouve la madrassa de Barqouq.

En cherchant le Qasr Bechtaq (fermé), nous tombons sur de vieilles portes dégondées.
 

Sabil-Koutab Abd El-Rahman, 18ème siècle, restauré par l'institut archéologique allemand du Caire.

Le sabil est une fontaine où chacun peut venir boire.
Financé par des personnes riches, il est une mise en oeuvre d'un des piliers de l'Islam : le don aux pauvres (Zakat).
Je crois que "Sabil" a donné notre mot "sébile".

Quand cette fontaine est surmontée d'une salle, on parle de Sabil-Koutab.
La salle sert à l'instruction (religieuse) des enfants du quartier . Donc mise en oeuvre du premier pilier de l'Islam : la profession de foi.

La mosquée El-Aqmar ("la lumière de la lune") a été construite au 12ème siècle.

 

Elle a été restaurée par la Bohari mission, comme la mosquée El Hakim.

 

Les 7 niches de la façade et les symboles employés renverraient à l'ésotérisme chiite.

La porte d'entrée est surmontée par ce motif de coquillage et par des petites rosettes.

 

Coquille Saint-Jacques.
Les mouqarnas étaient une innovation à cette époque.
 
En tournant à droite, on arrive à Beit Souheimi.

La mosquée El-Hakim a été construite puis modifiée par les Fatimides.

Elle a ensuite été restaurée par les mamelouks suite à un tremblement de terre puis a de nouveau été laissée à l'abandon.

Elle a été restaurée récemment par une secte chiite ismaélienne qui se réclame des Fatimides (chiites aussi).

El Hakim a disparu une nuit, sans explication. Ses partisans persécutés sont partis se réfugier au Liban et en Syrie. Leurs descendants sont les Druzes actuels.

Ce minaret n'est pas loin mais je ne suis pas certain qu'il dépende de la mosquée El Hakim.

Voici un minaret plus proche. Grosse ressemblance tout de même.

Certains guides indiquent que le minaret pourrait avoir été inspiré par le phare d'Alexandrie : un carré surmonté d'un octogone. "Le" ou "Les" ???

La coupole en brule-parfum a été rajoutée lors de la restauration du 14ème siècle.

Bab el Foutouh, la "porte de la conquête" : les armées l'utilisaient pour sortir de la ville lors des départs en campagne.

La ville d'Al Qahirah était initialement entourée de remparts en briques crues.
Une deuxième muraille fut construite vers la fin du 11ème siècle. C'est elle qui apporta les 3 portes visibles actuellement (Foutouh, Nasr, Zoueila).
Le pan de mur entre Bab el Foutouh et Bab el Nasr est d'époque.

Au 12ème siècle, Saladin unifie Le Caire, Foustat et la citadelle dans une seule muraille de 20km de long.
 

Juste derrière la porte, on retrouve le minaret d'El Hakim.

 

Bab el Nasr, la "porte de la victoire" : le retour (forcément victorieux) de l'armée se faisait par là.

Les tours carrées sont d'inspiration byzantine.

 

 
Le retour se fait par la rue appelée "Bab el Nasr", tout simplement.

Wakala el Bazaraa, 17ème siècle.

C'est un caravanserail, aussi appelé "khan".

Les magasins sont en bas, les entrepôts au premier étage et les habitations aux 2 étages supérieurs, en duplex.

 
 

Normalement, ces caravanserails ont une fontaine avec un petit oratoire au milieu de la place.

Est-ce que cela correspond à la trace au sol visible ici ?

Khanqa (ou khanqah, khanka) d'un sultan Baybars, époque mamelouke.

Les khanqahs sont des sortes de couvents.

Ils sont habités par des religieux-ascètes appelés soufis.

 

Celui-ci a la particularité d'être le premier couvent de soufis associé à un mausolée.

 


 
 
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